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Spécial Serbie

Elections présidentielles des 13 et 27/06/2004 (Acte IV)

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RESULTATS DU 2nd TOUR

Environ 6,5 millions d'électeurs étaient appelés à élire un nouveau président de Serbie lors d'un scrutin marqué par un taux de participation relativement faible (48,7%).

Selon des projections du Centre pour des élections libres et la démocratie (Cesid, une ONG), Boris Tadic, qui sera le premier président non-communiste de la Serbie, a obtenu environ 53,7% des voix, contre 45% à son adversaire ultranationaliste, Tomislav Nikolic.

M. Tadic succède à Slobodan Milosevic et Milan Milutinovic tous deux incarcérés aujourd'hui au Tribunal pénal international (TPI) de La Haye et jugés pour crimes de guerre.

Psychologue de formation, ancien ministre des Télécommunications et de la Défense, Boris Tadic, 46 ans, avait reçu le soutien des leaders des forces réformistes, dont le Parti démocratique de Serbie (DSS) du Premier ministre Vojislav Kostunica, ainsi que des Etats-Unis et de l'UE.

RESULTATS DU 1er TOUR

M. Nikolic, le chef du Parti radical (SRS/ultra-nationaliste), a recueilli plus de 30% des suffrages exprimés contre un peu plus de 27% à M. Tadic, le nouveau dirigeant du Parti démocratique (DS) créé par le Premier ministre Zoran Djindjic assassiné en 2003.

M. Marsicanin, candidat de la coalition gouvernementale dirigée par le Premier ministre Vojislav Kostunica, qui apparaît d'ores et déjà comme le grand perdant de la consultation, a à peine franchi la barre des 13% et a même été battu, pour la troisième place, par un néophyte en politique, Bogoljub Karic, un homme d'affaires qui doit une partie de sa fortune à sa coopération étroite avec le régime de l'ex-président Slobodan Milosevic. M. Karic a obtenu 19% des suffrages.

Le taux de participation s'est élevé à environ 46%.

Aucun candidat n'ayant obtenu la majorité absolue, un second tour aura lieu le 27 juin entre les deux candidats arrivés en tête :  Tomislav Nikolic, ultra-nationaliste, et Boris Tadic, pro-européen, s'affronteront donc au second tour.

 

LE COURRIER DES BALKANS http://www.balkans.eu.org/
Serbie : Karic vient bousculer la donne de la présidentielle
Mise en ligne : lundi 14 juin 2004

Le second tour des présidentielles opposera dans deux semaines Tomislav
Nikolic, le candidat de l'extrême droite nationaliste, et le candidat
démocrate Boris Tadic. Le sulfureux homme d'affaires Bogoljub Karic crée
néanmoins la surprise en s'imposant à la troisième place.


Par Jean-Arnault Dérens

La Serbie est en train de vivre un nouveau tremblement de terre politique.
En effet, Tomislav Nikolic, qui portait une nouvelle fois les couleurs du
Parti radical serbe (SRS), obtient la première place avec un peu plus de 30%
des voix. Le candidat d'extrême droite perd néanmoins plusieurs dizaines de
milliers de voix par rapport aux précédentes élections invalidées de
décembre 2003. Il semble bien que le SRS soit ainsi arrivé à un palier qu'il
aura du mal à dépasser. Le candidat Nikolic ne dispose pas de réserves de
voix évidentes pour le second tour.

La surprise Karic
La principale surprise du premier tour est venue de la percée de l'homme d'
affaires Bogoljub Karic, qui s'est propulsé à la troisième place, en
recueillant 19% des suffrages exprimés. Mêlé à de nombreuses affaires
financières fort douteuses, le propriétaire de la télévision BK, qui est
également actionnaire du principal réseau de téléphonie mobile serbe, est
considéré comme l'une des plus grandes fortunes de Serbie. Bogoljub Karic
semble être désormais en mesure de concrétiser son rêve de devenir le «
Berlusconi serbe ». En effet, ce très piètre orateur, dépourvu de tout
charisme, a su devenir incontournable, alors que son entrée en politique ne
remonte qu'au mois dernier.

La fortune du clan Karic lui a permis de financer une campagne agressive et
efficace et de monter une équipe de collaborateurs. Les structures du parti
politique qu'il veut créer demeurent néanmoins embryonnaires, tout comme son
programme reste flou. Bogoljub Karic a axé sa campagne sur les thèmes
économiques, en voulant « mettre la Serbie au travail », et en dénonçant la
mainmise des intérêts étrangers sur le pays. Le candidat a même saisi un
thème emblématique mais un peu surprenant : mettre fin à l'importation de
salade, pour favoriser la culture de la laitue serbe...

Dès dimanche soir, Bogoljub Karic a annoncé qu'il apporterait au second tour
son soutien au candidat démocrate Boris Tadic, pour peu que celui-ci
reprenne les thèmes de sa campagne. Lié durant des années au régime de
Slobodan Milosevic, le clan Karic a su s'entendre avec les démocrates
arrivés au pouvoir en 2000. Le candidat d'extrême droite dénonce même dans
la candidature de Bogoljub Karic une opération politique orchestrée par le
Parti démocratique (DS).

Tadic, grand favori du deuxième tour
Boris Tadic, le candidat du DS, la formation de Zoran Djindjic, le Premier
ministre assassiné le 12 mars 2003, aborde donc le second tour en position
de grand favori. Avec 27% des suffrages, l'ancien ministre de la Défense de
l'Union de Serbie et Monténégro réalise une performance bien supérieure à ce
que prévoyaient les sondages. Ces résultats comme une véritable revanche
pour le DS, rejeté dans l'opposition depuis les élections de décembre
dernier.

Ce succès contraste avec le sévère échec essuyé par le candidat de la
majorité gouvernementale, Dragan Marsicanin, qui n'obtient que 13,3% des
suffrages exprimés. Dépourvu de charisme, Dragan Marsicanin a mené une très
mauvaise campagne, de l'avis de tous les observateurs. Il paie aussi au prix
fort les divisions de l'improbable majorité qui réunit les nationalistes du
Parti démocratique de Serbie (DSS), les monarchistes du Mouvement serbe du
renouveau (SPO) et les libéraux du G17+.

Camouflet pour la majorité gouvernementale
Dimanche soir, Dragan Marsicanin a refusé de donner de consignes de vote
pour le second tour, alors que Miroljub Labus, le chef du G17+ a déjà appelé
à voter en faveur de Boris Tadic, une stratégie que le SPO devrait aussi
adopter. Le candidat Marsicanin a reconnu que sa contre-performance aurait
des conséquences sur le gouvernement, en évoquant l'hypothèse d'un
remaniement ou bien celle de nouvelles élections parlementaires anticipées.

La coalition gouvernementale sort donc discréditée du scrutin, tandis que le
Parti démocratique confirme sa position centrale dans le camp réformateur et
pro-européen. L'extrême droite confirme son audience, tandis que le succès
de Bogoljub Karic exprime aussi les incertitudes et le désarroi de nombreux
électeurs. La participation n'a également été que 47% des inscrits. Trois
ans et demi après la chute de Slobodan Milosevic, la démocratie serbe
demeure encore bien fragile.
© Tous droits réservés Le Courrier des Balkans
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VREME
Serbie : les attentes des citoyens à la veille de l’élection présidentielle
TRADUIT PAR JASNA ANDJELIC

Publié dans la presse : 3 juin 2004
Mise en ligne : mardi 8 juin 2004

Sur la Toile

Une information est correctement présenté si elle répond aux cinq questions : qui, où, quand, comment, pourquoi en 35 mots. Les questions posées par les électeurs sont quelque peu différentes : Qui est ce candidat ? Qu’est-ce qu’il veut ? En est-il capable ? Qui le protège ? Qu’est-ce que nous souhaitons ? Les quinze candidats au scrutin présidentiel du 13 juin vont essayer d’y répondre.

 

Par Milan Milosevic

6 531 549 électeurs devront se prononcer sur ces questions le 13 juin. Les 15 candidat essaient d’attirer leur attention. Les trois candidats les plus importants personnifient les trois courant principaux de la politique serbe. Deux sont caractérisés par une orientation modérée et pro-européenne et un représente la mimcrie pro-européenne.

Tomislav Nikolic, le candidat du Parti radical serbe (SRS), personnifie la voie « d’avant le 5 octobre ». Il réunit les forces qui ont représenté la majorité avant octobre 2000 et tente de présenter les évènements d’octobre comme un putsch. Nikolic essaie de neutraliser les mises en garde sur le fait que le règne des radicaux mènerait la Serbie dans un nouvel isolement. Il essaie également de relativiser la participation des radicaux au régime de Milosevic, en 1999-2000, qui a représenté une débâcle pour la Serbie. Nikolic avait d’abord annoncé que sa victoire entraînerait de nouvelles élections législatives, mais il a décidé d’écrire une lettre aux électeurs où il se présente comme un contrôleur du travail gouvernemental et le garant de l’équilibre entre les forces politiques.

Défendre le 5 octobre

Boris Tadic, représentant de la Serbie « d’après le 5 octobre » et candidat du Parti démocrate, fait tout son possible, avec le soutien d’une grande partie de l’ancienne DOS, pour affirmer sa personnalité, et se présenter comme le gardien de la « révolution d’octobre » et des réformes, l’homme de la cohabitation et du dialogue, avec une réputation internationale. Il reproche aux autorités actuelles d’annuler les effets des réformes, surtout dans le domaine de l’Éducation nationale. Il tente de contourner les affaires de la période « d’après le 5 octobre », en prenant ses distances par rapport à leurs acteurs principaux et en condamnant le revanchisme politique. En cas d’échec, il promet de soutenir Dragan Marsicanin pour le deuxième tour des présidentielles.

Dragan Marsicanin, candidat de la coalition du Parti démocratique de Serbie (DSS), du G17+ et de SPO-NS, représente le troisième courant politique. Il joue sur la continuité de la majorité actuelle. Il refuse de dire quel est le candidat démocratique qu’il soutiendrait au deuxième tour et il envoie des messages sporadiques indiquant que la Serbie aurait de nouvelles élections parlementaires en cas d’échec du candidat gouvernemental. Marsicanin ne prend pas de distance par rapport aux erreurs des majorités précédentes, même si cette attitude est condamnée par ses partenaires de coalition. Il mise sur la lutte contre la corruption, maintenant que les affaires de type abondent en Serbie : l’affaire du sucre et la fuite de Miodrag Kostic, l’impôt sur les revenus extraordinaires de Bogoljub Karic, l’enquête gouvernementale sur la distribution des localités pour les stations d’essence, etc. Dragan Marsicanin emprunte l’autorité du Premier ministre Vojislav Kostunica et du gouvernement, qui commence à promouvoir les résultats de ses premiers cent jours.

Aperçus sur le corps électoral

Quelle est l’ambiance du match électoral ? Les messages des candidats et le caractère symbolique des élections présidentielles, correspondent-t-ils aux attentes des électeurs ?

D’après les estimations du sociologue Srecko Mihajlovic publiées dans le sondage du CeSID lors des dernières élections législatives, le corps électoral réel compte environ 5 500 000 personnes qui votent selon leur identification politique, c’est-à-dire leur loyauté envers un parti politique, ou bien par décision rationnelle, appelée encore le vote économique ou d’intérêt , ou enfin en étant attirés par les images des leaders et les candidats des partis politiques.

Environ 40% des adultes (2 200 000 personnes) sont attachés à une forte identification politique, et votent a priori pour un parti politique plutôt que pour les autres. 10% d’entre eux (environ 550 000) sont membres des partis en questions, 20% (environ 1 110 000 personnes) sont des sympathisants, et les derniers 10 % ne sont que superficiellement liés à certains partis.

40% des électeurs ne sont pas politiquement orientés. Les partis réussissent à attirer les voix de trois sur quatre représentants de ce groupe, ce qui signifie que 30% du corps électoral restent indécis.

Les aspirations des citoyens

Quelles sont les préférences des électeurs ? Le soi-disant vote rationnel est caractéristique des couches sociales à formation supérieure. Par exemple, 61% des travailleurs sans qualifications sont attirés par les images personnelles, et seuls 39 % votent de manière rationnelle. La situation des experts est inverse : 77% choisit rationnellement et 23 % suit les images présentées. Il ne faut pas oublier que l’élite joue le rôle de leader de l’opinion publique.

D’après le sondage du CPA, Centre pour les études des alternatives, réalisé par les sociologues Srecko Mihajlovic, Sonja Liht, Stjepan Grdelj, Gradimir Zajic et Milan Nikolic, le psychologue Mirjana Vasovic, le politologue Zoran Stojiljkovic et l’économiste Petar Djukic, publié la semaine dernière sous le titre d’Aspirations des citoyens de la Serbie et Monténégro en 2004, environ 85% d’entre eux soutiennent l’idée de l’intégration européenne sous toutes ses formes, et seulement 36 % des sondés accepte l’idée d’adhésion à l’UE et à l’OTAN en même temps. Seulement 15% des sondés considèrent que la Serbie ne doit adhérer à l’UE ni à l’OTAN. Environ 36% d’entre eux citent les États de l’Europe occidentale comme des modèles souhaitables, 12% cite les pays scandinaves, 12% les pays de l’Europe centrale nouveaux membres de l’UE, 9% citent les USA, 4% la Russie et 1% les pays asiatiques. L’intégration européenne est plus populaire que l’intégration euro-atlantique, à cause des bombardements et la politique de l’OTAN dans les Balkans.

L’élite est plus eurocentrique (74%) que les électeurs ordinaires et elle est également moins encline à une politique extérieure autonome (14% par rapport à 30%). La majorité de la population n’est pas contente de son niveau de vie. Les gens essaient pourtant de cacher leur pauvreté et regardent leur propre situation avec plus d’optimisme que celle de leur voisin. Les chercheurs y voient des signes de l’optimisme individuel.

Emploi public plutôt que création d’entreprise

D’autre part, la plupart des sondés ne sont pas prêts à courir le risque d’un investissement d’affaires. Les chercheurs de CPA constatent que le secteur privé n’est pas encore suffisamment motivant, il n’est pas encore vu comme une source de revenus dynamique, mais comme une réserve sociale.

52% des sondés donne la priorité à l’emploi dans un établissement public et seuls 7% souhaitent travailler dans une entreprise privée. Les chercheurs du CPA considèrent que cette attitude est principalement causée par les mauvaises expériences initiales : en ce moment, le secteur privé ne garantit pas les investissements importants, ne crée pas de nouveaux emplois, ne soutient pas le développement technologique et les travailleurs y sont souvent privé de leurs droits. Cependant, il est surprenant que les gens donnent la priorité aux emplois sûrs et prévisibles plutôt qu’aux risques qui pourraient apporter des gains plus importants, quand on sait que le taux de chômage est de 33% (45% selon les sources non officielles).

 


© Tous droits réservés B 92
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B 92
Serbie : la princesse Jelizaveta Karadjordjevic se lance aussi dans la course présidentielle
TRADUIT PAR YVES TOMIC

Publié dans la presse : 23 mai 2004
Mise en ligne : lundi 24 mai 2004

Sur la Toile

La liste des candidats à l’élection présidentielle du 13 juin s’est encore élargie d’un nom ce dimanche, celui de la princesse Jelisaveta Karadjordjevic. Les principaux candidats intensifient leur campagne.

 

Cette dernière a remis sa candidature à la Commission électorale républicaine tôt dans l’après-midi. Elle a déclaré que si elle était élue présidente de la Serbie, sa priorité serait la création d’un État de droit. Elle espère qu’après le retour des Karadjordjevic en Serbie, tous travailleront ensemble « pour la Serbie et un avenir meilleur ».

À Gornji Milanovac, le candidat de la coalition gouvernementale, Dragan Marsicanin, a estimé qu’il n’est pas dans l’intérêt de la population que la Serbie demeure dans l’état où elle se trouvait il y a trois ans. Auparavant, Dragan Marsicanin a visité la ville de Prijepolje où il a averti que la victoire éventuelle de ses rivaux conduirait la Serbie à nouveau dans la crise. Dans son discours, il s’est penché sur la période qui a suivi la victoire de l’Opposition démocratique de Serbie en 2000 : « Sa politique a eu des conséquences graves, elle n’a pas réglé les problèmes hérités en 2000 qu’il était possible de régler. C’est pourquoi nous en sommes encore au point de départ, il nous faut réaliser ce qu’il était possible de régler en 2000. Par le travail que nous avons réalisé et que nous effectuons aujourd’hui, avec la garantie que nous ne changerons pas, je vous demande, en tant que candidat à la Présidence, un mandat pour poursuivre le travail entamé ».

Le candidat présidentiel du Parti radical serbe, Tomislav Nikolic, a déclaré que les Albanais du Kosovo « peuvent obtenir une autonomie maximale », mais que la province demeurera dans le cadre de la Serbie. « Si un nouveau 17 mars se reproduit, il n’y aura plus de Serbes au Kosovo, et sans Serbes nous perdrons le Kosovo. Que l’OTAN protège les maisons albanaises et les Serbes protègeront les leurs », a déclaré Nikolic, en campagne à Vranje.

Le candidat du Parti démocrate, Boris Tadic, a appelé les forces démocrates du pays à un accord et à un consensus à propos de la question de l’adhésion de la Serbie à l‘Union européenne. « Lors de cette élection, il s’agit de choisir entre ceux qui affirment que l’on vivait bien en Serbie entre 1990 et 2000, ceux qui pensent et travaillent lentement et qui veulent entrer dans l’Europe à la vitesse d’une tortue, et nous, qui disons que nous devons entrer dans l’Europe à toute vitesse », a déclaré Boris Tadic, en campagne à Jagodina. « Mon message est le suivant : entendons nous normalement sur ce qu’il faut faire en Serbie, sur ce que nous pouvons réaliser ensemble pour les citoyens. J’adresse ce message avant tout à mes concurrents du bloc démocratique. Ils ne sont pas mes ennemis, je ne leur veux pas du mal, quand bien même ils m’insultent de la pire des manières et prononcent des contre-vérités. Ils savent ce qu’ils disent. Ne croyez pas qu’ils pensent dire la vérité », a poursuivi Boris Tadic.

Le candidat indépendant Bogoljub Karic a déclaré qu’il avait l’impression que certains hommes politiques ne souhaitaient pas faire redémarrer l’industrie serbe, mais tout vendre aux étrangers pour trois fois rien pour avoir la paix tant qu’ils sont au pouvoir. « Le problème est que ceux qui savent régler les problèmes ne souhaitent pas le faire, car ils ont intérêt à importer des produits de l’étranger au lieu de soutenir la production locale », a souligné le candidat.


 

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IWPR
Serbie : le sort du gouvernement est suspendu au résultat des présidentielles
TRADUIT PAR JACQUELINE DÉRENS

Publié dans la presse : 3 juin 2004
Mise en ligne : lundi 7 juin 2004

Sur la Toile

Le résultat des élections présidentielles du 13 juin aura des conséquences qui pourraient aller d’un simple remaniement à la dissolution du gouvernement actuel. Le candidat soutenu par le gouvernement, Dragan Marsicanin, est en effet largement distancé dans les sondages.

 

Par Zeljko Cvijanovic

Beaucoup d’analystes croient que la victoire de Tomislav Nikolic, le candidat du Parti radical serbe (SRS, extrême droite) pourrait entraîner la chute du gouvernement, car le G17 Plus a menacé de quitter la coalition si cela se produisait.

D’un autre côté, une victoire éventuelle de Boris Tadic, le candidat du Parti démocratique (DS), pourrait amener le DS à rejoindre un gouvernement renforcé, pour éloigner la menace des Radicaux.

La plupart des sondages situent le candidat du gouvernement, Dragan Marsicanin, loin derrière Tomislav Nikolic et Boris Tadic.

Un sondage effectué à la fin du mois de mai par l’agence de Belgrade Faktor Plus accordait 27% des voix à Nikolic, 24% à Tadic et seulement 20% à Marsicanin.

Dragan Marsicanin devançait de peu Bogoljub Karic, le grand patron haut en couleurs, dont les 12% sont étonnants, car il est entré tardivement dans la course. Si le résultat confirme la tendance des sondages, seuls Nikoloic et Tadic seraient présents au second tour.

Incertitude pour le second tour

Mais ces prévisions n’ont rien d’assuré, car il y a beaucoup plus d’indécis que pour n’importe quel autre vote précédent. « Aucune autre élection n’a été aussi dépendante de la campagne électorale que celle-ci », affirme Milka Puzigaca de l’agence Skan de Novi Sad.

Peu d’observateurs pensent que Marsicanin, soutenu par quatre partis de la coalition au pouvoir dirigé par le Premier Ministre Vojislav Kostunica, le chef du Parti démocratique de Serbie (DSS), pourra sauver sa position après une campagne terne.

Sa défaite au premier tour pourrait causer de sérieux problèmes à la coalition gouvernementale déjà divisée. Pour certains observateurs, si Dragan Marsicanin échoue, Vojislav Kostunica aura encore plus de difficultés à conserver sa stratégie de base, qui consiste à se trouver à égale distance de l’extrême droite, fort mal vue à l’Ouest, et du DS, qui se présente comme le parti de la réforme.

Bien que Kostunica et les partis de sa coalition, le G17 Plus, le Mouvement du renouveau serbe (SPO) soient plus proches du DS que des Radicaux, une série de querelles politiques a creusé le fossé. Les relations ne se sont guère améliorées, même après que Boris Tadic a pris le contrôle du parti, l’hiver dernier, en promettant de se débarrasser des figures les plus suspectées de corruption.

Quand les pourparlers pour former un gouvernement entre Tadic et Kostunica ont échoué, ce dernier a formé un gouvernement minoritaire avec le soutien sans participation du Parti socialiste de Serbie (SPS), la formation de Slobodan Milosevic.

Beaucoup d’analystes sont convaincus que ces conflits pourraient entraîner une participation faible des électeurs modérés, tournant à l’avantage de Nikolic. Le gouvernement pourrait ne pas survivre à une victoire du SRS, puisque le G17 Plus a dit qu’il quitterait le gouvernement si Nikolic devenait chef de l’État.

Beaucoup s’accordent à dire que Tomislav Nikolic arrivera en tête du premier tour et que son rival pour le deuxième tour sera Boris Tadic. Mais personne n’est d’accord pour prévoir qui sera le vainqueur du deuxième tour, prévu deux semaines après le premier tour.

Liljana Bacevic du Centre d’études politiques de l’Institut des Sciences sociales de Belgrade, estime que les électeurs qui avaient voté pour un modéré au premier tour feront de même au second. « C’est pourquoi Nikoloic ne gagnera pas », affirme-t-elle.

Indispensables compromis dans le camp démocratique

Mais elle met en garde sur le fait que les querelles politiques internes au camp des modérés pourraient dissuader les électeurs de voter pour Tadic au second tour. « Il sera difficile de persuader les électeurs de Marsicanin de voter Tadic au second tour, parce qu’il a été diabolisé à leurs yeux », dit-elle en faisant référence à la forte connotation anti-Tadic de la campagne de Marsicanin.

Djordje Vukadinovic, rédacteur du magazine Nova Srpska Politicka Misao, maintient que Tomislav Nikolic est le favori pour les deux tours. « Marsicanin a peu de chances de l’emporter si l’on garde en mémoire sa campagne très morne, il faudrait un événement exceptionnel pour changer la donne », note-t-il.

Selon des sources proches de Kostunica, si Marsicanin est éliminé le 13 juin, la période entre les deux tours sera consacrée à des discussions en vue d’un rapprochement entre le DSS et le DS.

Cela pourrait amener Vojislav Kostunica à soutenir Boris Tadic dès le début des présidentielles et cela ouvrirait la voie à un remaniement ministériel, avec l’entrée du DS au gouvernement. Kostunica resterait Premier ministre, profitant de l victoire de Tadic, alors que Nikolic a promis de dissoudre le gouvernement actuel en cas de victoire.

Des sources proches du gouvernement reconnaissent que la consolidation des forces démocratiques de Serbie, un processus qui devrait inclure le DS, pourrait être la seule voie pour éviter la tenue d’élections législatives anticipées. Ces mêmes sources ajoutent que l’Ouest ne souhaite pas de nouvelles élections générales en Serbie, mais plutôt une alliance entre le DS et le DSS pour bloquer la route aux Radicaux.

Si Boris Tadic gagne les élections présidentielles, le DS renforcera sa position. Il est vraisemblable qu’il utilisera sa nouvelle force politique pour entrer au gouvernement, au moins comme partenaire de poids égal à celui du DSS.