Palais de l'Elysée - Jeudi 17 juin 1999

CONFERENCE DE PRESSE CONJOINTE
DE M. JACQUES CHIRAC, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,
ET DE M. WILLIAM CLINTON, PRESIDENT DES ETATS UNIS,
A L'ISSUE DE LEUR ENTRETIEN

LE PRESIDENT - Mesdames, Messieurs,

Nous avons tenu à réserver, naturellement, le soleil pour le passage du Président CLINTON, à qui je souhaite la plus cordiale des bienvenues à l'occasion de cette nouvelle rencontre cette année, dans le cadre de contacts qui sont fréquents et agréables, toujours, qu'ils soient téléphoniques ou qu'ils soient amicaux comme celui d'aujourd'hui.

Je suis heureux que le Président et Madame CLINTON aient pu distraire un moment pour passer par Paris, à l'occasion du voyage du Président à Cologne pour le G7-G8.

Hier soir, nous avons dîné de façon très sympathique. Je ne dirai pas que nous avons énormément travaillé, pour dire la réalité, mais, en revanche, nous avons passé un moment que j'ai pour ma part beaucoup apprécié.

Alors, un peu hier soir et beaucoup ce matin, nous avons d'abord tiré les leçons de la crise au Kosovo et constaté que notre victoire au Kosovo ne sera complète que lorsque tous les réfugiés auront regagné leur foyer et lorsque toutes les communautés vivant au Kosovo pourront vivre en sécurité, notamment grâce à la vigilance de la force militaire de sécurité qui est en train de se déployer dans cette région.

Nous avons également évoqué un certain nombre d'autres problèmes : l'Europe de la défense, en particulier, au regard des événements qui se sont produits dans les Balkans, mais aussi à la suite des positions prises au Sommet de Washington. La relance du processus de paix au Moyen-Orient, telle que nous la souhaitons, à la suite de la formation prochaine du nouveau gouvernement de l'État d'Israël et du rôle, notamment, que l'Europe et la France pourraient jouer, de l'aide que nous pourrions apporter aux efforts globaux engagés pour relancer de façon efficace le processus de paix.

Nous avons également examiné les différents problèmes à l'ordre du jour du Sommet de Cologne : l'initiative très importante que nous prenons, à la veille du prochain siècle, dans le domaine des dettes des pays pauvres, le renforcement et l'adaptation du système financier international, la dimension sociale de la mondialisation, à laquelle, vous le savez, je suis pour ma part très attaché, et les conséquences qu'il faut en tirer.

J'ai également proposé au Président CLINTON que le Sommet du G8 examine la possibilité de prendre une initiative dans un domaine qui préoccupe beaucoup, notamment, les Européens en ce moment et qui est celui de la sécurité de l'alimentation. Nos peuples sont de plus en plus inquiets, préoccupés, et je voudrais proposer la création d'un Haut Conseil scientifique mondial pour la sécurité de l'alimentation. Je ne rentrerai pas ici dans le détail, puisque j'ai saisi les Chefs d'Etat et de gouvernement du G8 et que j'aurai l'occasion de développer cette proposition à Cologne. Mais mon souhait est qu'elle soit mise à l'étude par les Chefs d'Etat et de gouvernement du G8 et que nous voyions si nous pouvons trouver là une solution qui serait de nature à mieux garantir la santé des Européens et de tous les habitants du monde, bien entendu.

Et, avant de donner la parole au Président CLINTON, je voudrais lui dire, en terminant, combien je me réjouis de la qualité des relations franco-américaines. Nous avons parfois, chacun le sait, cela va de soi, des divergences de vues, mais nous savons, et depuis longtemps, les aborder et les résoudre dans un climat d'amitié entre partenaires qui se respectent. Et c'est probablement une réalité fondée sur une très longue, séculaire amitié entre nos deux peuples et nos deux pays.

Bill, la parole est à vous.

LE PRESIDENT CLINTON - Merci beaucoup, Monsieur le Président.

Je serai très bref, le Président CHIRAC a bien résumé la teneur de nos discussions d'aujourd'hui.

J'aimerais encore une fois remercier le Président, publiquement, du merveilleux dîner que Madame CHIRAC et le Président nous ont offert à moi et Hillary, hier. Nous avons passé un moment très très agréable. Nous n'avons pas beaucoup travaillé, nous avons discuté surtout d'archéologie et des espèces en danger d'extinction de par le monde.

Permettez-moi de vous dire quelque chose à propos du Kosovo. A partir d'aujourd'hui, 26 000 soldats serbes ont quitté le Kosovo, 15 000 soldats de la KFOR s'y sont installés.

Les réfugiés regagnent leur foyer, quelquefois plus rapidement qu'il ne serait souhaitable du point de vue de la sécurité à cause des mines dont le déminage est difficile, mais ils veulent regagner leur foyer. C'est véritablement émouvant pour moi de voir le peuple du Kosovo acclamer nos soldats et de voir aussi les soldats mettre à jour des preuves, faits auxquels nous nous sommes opposés, des charniers laissés derrière eux par les Serbes ou les piles de documents arrachés aux réfugiés afin d'effacer leur identité.

Je voudrais rendre un hommage singulier au Président CHIRAC pour son leadership et sa fermeté au cours de cette crise. C'est l'opération la plus longue engagée par l'OTAN dans ces cinquante années. Dix neuf pays représentaient des centaines de millions de personnes, de citoyens vivant des situations intérieures très différentes, mais nous sommes restés soudés, nous continuerons à être soudés et nous allons continuer cette mission jusqu'à sa conclusion. Le Président français a dit très fermement qu'une fois que nous avions commencé, il fallait achever cette mission, la faire bien et que nous ferions tout ce qui est nécessaire pour y arriver.

Je suis très reconnaissant au Président CHIRAC de l'excellente relation que nous avons, des relations entre nos deux pays et de la solidarité que nous avons exprimée vis-à-vis de l'OTAN. Maintenant, il faut achever notre travail, il faut aider les Kosovars à restaurer leurs maisons, leurs conditions fondamentales de vie, les institutions de la société civile qui sont nécessaires pour qu'ils puissent exercer leur autonomie. Il faut aussi aider l'ensemble de la région. Nous nous sommes engagés au Sommet de l'OTAN et je sais que ce sera entériné par le G7-G8 et que l'Union européenne a déjà articulé un plan qui vise à construire un avenir plus démocratique pour l'ensemble de la région. Nous nous engageons tous dans ce projet car nous ne voulons pas que les Balkans et l'Europe du Sud-Est soient encore déchirés à l'avenir par des haines raciales et ethniques. Il faut leur donner un meilleur devenir et nous nous y engageons.

Nous avons aussi discuté d'un grand nombre de sujets mais je crois que le mieux maintenant serait de vous demander de poser des questions. Je dois dire que j'ai été très ému, très touché par ce que nous avons dit à propos du processus de paix au Proche-Orient. Il y a beaucoup d'espoirs en ce moment et nous savons qu'il faut donner au Premier ministre élu la possibilité de former son gouvernement pour qu'il puisse commencer à travailler mais il y a des perspectives d'une coalition assez élargie, cela donne de l'espoir.

La France, l'Europe, les Etats-Unis espèrent tous que nous puissions jouer un rôle constructif dans ce que nous espérons être la prochaine étape constructive.

QUESTION - Président CLINTON, quelles sont les dernières nouvelles sur les Russes. On dit qu'ils pourraient être tombés d'accord sur une structure de commandement de l'OTAN mais ils parlent toujours d'un secteur. Qu'en dites-vous ?

LE PRESIDENT CLINTON – Je peux vous dire que, juste avant mon entretien avec le Président CHIRAC, on m'a informé que le Ministre COHEN se réunit avec son homologue russe SERGUEIEV. Vous avez su que Madame ALBRIGHT est partie hier à Helsinki pour rencontrer son homologue le ministre IVANOV. Le climat est très positif, il donne raison à de l'espoir. Le Président CHIRAC et moi en avons parlé pendant longtemps. Nous voulons que les Russes soient engagés dans cette mission de manière globale, nous trouvons que cela est très important. Néanmoins, nous estimons qu'il est très important de garder la clarté du commandement sous la KFOR et selon les termes de la résolution de l'ONU. Je crois que nous allons travailler encore sur cela. Nous allons aboutir à une bonne solution. Je n'ai pas beaucoup de détails à vous donner parce que le travail se poursuit toujours. Je sais qu'il y a deux ou trois options qui sont maintenant examinées, toutes ces options seraient acceptables pour nous et pour nos partenaires, y compris la France. Donc nous poursuivons nos efforts pour l'instant.

QUESTION - Pour la reconstruction de la Yougoslavie, tenez-vous compte du fait que la Hongrie a des frontières avec des pays de l'OTAN et a aussi des frontières communes avec la Yougoslavie. Elle voudrait participer à cette reconstruction… D'autre part, la France envisage-t-elle de mettre sa force diplomatique pour que cette stabilisation du Kosovo soit étendue à toute la région, notamment par un système d'accords qui mentionnent le sort des minorités et de la minorité hongroise en Voîvodine en particulier ?

LE PRESIDENT - La certitude de la France c'est que, le plus rapidement possible, doit être organisé dans cette région un système qui soit démocratique. C'est en implantant la démocratie que l'on créera les conditions de la tolérance et c'est la tolérance qui permettra à des communautés qui se sont longtemps affrontées de vivre ensemble paisiblement. Cela prendra du temps. Il y a naturellement un objectif. Cet objectif, c'est la possibilité, la vocation de ces pays à entrer dans l'Union européenne et l'intérêt qu'ils ont à le faire. Donc, la perspective pour la France c'est naturellement de faire le maximum pour aider, dans l'état actuel, l'ensemble de ces pays à surmonter leurs difficultés mais c'est surtout de tout faire pour les convaincre que, leur avenir étant dans l'Union européenne, ceci suppose la paix chez eux et que cette paix ne peut être trouvée que grâce au développement, à l'approfondissement de la démocratie.

LE PRESIDENT CLINTON – Vous m'avez posé une question, à savoir si la Hongrie pourrait constituer le centre de tous les efforts de reconstruction. Comme vous le savez, le Président hongrois était à Washington en visite d'Etat récemment, visite couronnée de succès. J'ai aussi appelé votre Premier ministre afin de le remercier de la solidarité qu'il a exprimée envers l'OTAN pendant cette période difficile pour la Hongrie.

Tous les deux ont dit que la Hongrie voulait jouer un rôle important dans la reconstruction du Kosovo et de toute la région des Balkans. Ils ont manifesté l'intérêt de devenir le centre de cet effort de reconstruction. Cette décision, pour le moins, est une décision qui doit être prise par l'ensemble des Alliés. Pas seulement par les Etats-Unis, étant donné surtout le rôle que va jouer l'Union européenne dans les efforts de reconstruction. Mais étant donné le fait qu'il y a un grand nombre de Hongrois en Voïvodine, et en Serbie aussi d'ailleurs, il faut que les Hongrois soient impliqués.

QUESTION – Maintenant que le conflit est terminé, est-ce que vous et le Président CHIRAC croyez que MILOSEVIC doit répondre à l'inculpation pour crimes contre l'humanité ? Monsieur le Président CHIRAC, êtes-vous d'accord avec le Président CLINTON, à savoir qu'il ne devrait pas y avoir d'aide à la reconstruction de Belgrade tant que MILOSEVIC reste au pouvoir ?

LE PRESIDENT - Les grandes démocraties, en particulier, la Communauté internationale, en général, ont pour règle de n'apporter d'aide au développement à un pays que si celui-ci correspond aux critères démocratiques qui sont habituellement retenus. Et nombreux sont les pays sur la planète, enfin, malheureusement encore, plusieurs pays font l'objet d'embargo, ne bénéficient pas d'aide parce qu'ils ne sont pas des régimes démocratiques. C'est la raison pour laquelle, pour ma part, je partage tout à fait le sentiment du Président CLINTON, c'est-à-dire qu'il ne peut pas être apporté d'aide au développement économique à un régime qui n'est pas démocratique, et dont le chef actuel, de surcroît, est inculpé de crimes contre l'humanité par le Tribunal pénal international.

Alors, une chose est l'aide au développement, bien entendu, une autre chose est l'aide humanitaire. Ce que nous voulons sanctionner, c'est un régime qui n'applique pas les règles de la démocratie, ce ne sont pas, bien entendu, des Serbes, malheureux et victimes. Donc, l'aide humanitaire : oui, l'aide au développement, l'aide économique : non, tant que les critères de démocratie ne seront pas respectés.

LE PRESIDENT CLINTON – Permettez-moi d'ajouter que, d'abord, je suis entièrement d'accord avec ce que vient de dire le Président CHIRAC sur le volet humanitaire. L'aide humanitaire devrait être accessible à tous les peuples de la région, y compris les Serbes et la Serbie. Maintenant, en ce qui concerne le développement , je me rallie aux paroles du Président CHIRAC.

Et quoi que je soutienne entièrement la décision du procureur du TPI, Mme Arbour, je trouve qu'il est important de ne pas tromper les gens à propos de ce qui peut se passer par la suite. La responsabilité la plus importante des Alliés de l'OTAN c'est de faire rentrer en toute sécurité les réfugiés au Kosovo, de leur donner la possibilité d'autonomie, de les aider à la reconstruction, à travailler dans toute la région. Selon les règles que nous avons acceptées, si chacun de nous avait juridiction sur MILOSEVIC, nous le livrerions au Tribunal, ou quelqu'un d'autre qui aurait été inculpé aussi, enfin comme nous l'avons fait en Bosnie, si vous vous en souvenez. Mais s'il est en Serbie, il ne peut pas être extradé. Mais quelque fois cela prend du temps. Et il faudra attendre pour voir comment tout cela se développe.

Etant donné les preuves présentées par Mme ARBOUR, les preuves que nous connaissons, je crois qu'elle a pris une bonne décision. C'est quelque chose de très important, mais je ne crois pas que les Alliés de l'OTAN puissent envahir Belgrade afin de lui notifier l'acte d'inculpation. Peut-être, un jour, il y aura un jugement mais il faut que nous nous concentrions sur les obligations humanitaires que nous avons, afin de permettre aux Kosovars de rentrer chez eux, et que nous continuions à enquêter sur les autres crimes commis au Kosovo.

QUESTION – Monsieur le Président, quelles sont les mesures que prendra votre Administration afin de raviver le processus de paix au Proche-Orient ? Je sais à quel point vous êtes décidé à faire encore une percée avant la fin de votre deuxième mandat…

LE PRESIDENT  CLINTON – Comme vous le savez, j'ai passé beaucoup de temps au cours de ces six années et demi sur ce dossier. L'initiative la plus importante que j'ai prise pour relancer ce processus, c'était les neuf jours à Wye Plantation, l'année dernière. Ce que je crois qu'il faut faire maintenant, c'est que, une fois que le nouveau gouvernement israélien sera installé, et d'après ce qu'on voit dans la presse, ce nouveau gouvernement aura une constitution très élargie, sera une coalition très élargie, à partir de ce moment là, il y aura une démarche bien décidée pour trouver la voie du processus de paix. Les Etats-Unis continueront d’aider, comme nous l’avons fait au cours de ces six années et demi et comme nous l'avons toujours fait, de trouver les incitations économiques et autres pour favoriser une bonne solution de ce processus. Et j’espère que les parties elles-mêmes vont relancer le processus. Nous donnerons notre appui, et j’espère que le Président CHIRAC et l’Union européenne feront de même.

LE PRESIDENT – Je voudrais ajouter que l’Europe, aujourd’hui unanime comme elle l’a montré encore récemment à Berlin, et la France naturellement, compte tenu des liens traditionnels qu’elle a avec un certain nombre de pays de cette région, je dirai avec tous les pays de cette région, sont tout à fait déterminées dans ce contexte nouveau à apporter leur soutien maximum aux efforts faits par les intéressés, bien sûr, et, cela va de soi, par les Etats-Unis.

QUESTION – Monsieur le Président, vous espérez que les Serbes vont retirer les quatorze mille derniers soldats, et vous croyez que MILOSEVIC va tenir ses engagements ?

LE PRESIDENT CLINTON – La réponse est courte : oui et non. Oui, j’espère qu’ils vont respecter les dates butoirs, à moins qu’il y ait des raisons pratiques pour ne pas le faire. C’est intéressant, lorsque les militaires serbes sont tombés d’accord, même les Kosovars ont dit qu’ils espéraient qu’ils tiennent leurs engagement; que si les militaires serbes avaient donné leur parole, ils allaient les tenir. Je crois que cela donne un certain espoir permettant de voir que quelque chose allait se passer.

Comme vous le savez, le Général JACKSON, notre commandant au Kosovo, a déjà donné l'autorisation de prolonger d’un jour ce retrait. Donc, si le Général JACKSON accepte un changement de calendrier dû à facteur que je ne connais pas, par exemple, moi, je n’y ferai pas opposition. J’ai confiance en lui et il respecte le calendrier. Maintenant, si j’espère que MILOSEVIC va tenir ses engagements, non, je ne l’espère pas, C'est seulement grâce à l’impact de notre campagne militaire, lorsque nous avons des forces qui rentrent sur le terrain. Par le passe, lorsqu’il y a eu des ententes avec M. MILOSEVIC, par exemple les Accords de Dayton à propos de la Bosnie, ils ont été honorés, mais les faits étaient que nous avions des soldats au sol, sur le terrain. Je crois que c’est cela qui va renforcer les engagements de certaines personnes, c’est la présence des militaires.

QUESTION – Monsieur le Président, est-ce que le désaccord reste profond avec les Etats-Unis sur la sortie de la crise avec l’Irak ? Est-ce que vous acceptez le principe des propositions françaises concernant l’Irak, à savoir une suspension de cent jours de l’embargo à l’encontre de l’Irak ?

LE PRESIDENT CLINTON – Comme vous le savez, il y a une différence à ce sujet. Je crois que la différence est de savoir ce qui sera le plus efficace. Les Etats-Unis appuient les efforts britanniques et néerlandais au sein du Conseil de sécurité car nous estimons que, sans un mécanisme vigoureux de contrôle, Saddam HUSSEIN va essayer de reconstruire son arsenal d’armes de destruction massive, surtout dans le domaine des armes chimiques et biologiques, et, peut-être aussi développer une technologie de missiles. Le Président CHIRAC va répondre lui-même pour ce qui le concerne, mais je crois qu’il estime que la résolution anglo-néerlandaise, si elle est approuvée, adoptée, ne serait pas acceptée par Saddam HUSSEIN et que donc on se trouverait toujours dans l’impasse. Donc, il y a une différence d’avis en la matière et nous avons décidé d’en reparler au sein du G8 et d’arriver à une conclusion. Ce n’est pas une question facile et je respecte les efforts des Français, les efforts faits par le Président.

Je peux vous dire quelle est mon inquiétude générale. Il ne s’agit pas tellement de Saddam HUSSEIN lui-même. Ce que je crois, c’est que, dans dix ans, celui qui sera à ma place comme Président des Etats-Unis, celui qui sera à la place du Président CHIRAC, comme Président de la France, et vous tous qui serez ici, à poser des questions, vous aurez une préoccupation majeure,  à savoir la liquidation des armes chimiques et biologiques de haute technologie, miniaturisées, qui tomberaient dans les mains de terroristes et de membres du crime organisé qui auraient des rapports incontrôlés avec ces pays irresponsables qui leur donneraient accès à ces armes. Je crois que cela sera un problème majeur dans les deux premières décennies du siècle prochain, et nous devons faire tout ce que nous pouvons pour minimiser ce problème.

Je crois que j’ai bien expliqué quelle est la différence pratique entre nos deux positions. Le Président CHIRAC, maintenant, va répondre…

LE PRESIDENT – J’ai bien entendu les mêmes inquiétudes que le Président CLINTON. Mais je crois que le plus important serait, aujourd’hui, de trouver les moyens de rétablir un contrôle sur les armements de l’Irak, un contrôle international. Et pour ce faire, il faut, à tout le moins, réexaminer les conditions de l’embargo, ce qui est nécessaire de toute façon, me semble-t-il, pour des raisons qui tiennent à la dégradation forte du niveau de vie et des conditions de vie du peuple irakien qui est la victime de cette situation. Alors, nous reparlerons de la synthèse entre ces différentes préoccupations. Je dirai simplement : ne mettons pas en cause la solidarité et l’union du Conseil de sécurité si nous ne sommes pas sûrs d’arriver à un résultat. Or, dans l’état actuel des choses, je crains, comme le disait tout à l’heure le Président CLINTON, qu’en toute hypothèse l’Irak refuse la résolution qui est actuellement en voie de confection. Et donc, ce serait un geste un peu inutile qui n’aurait pas de résultat concret mais qui risquerait de mettre à l’épreuve la solidarité du Conseil de sécurité, et vous savez combien la France est attachée à la fois à l’ONU en général, et au Conseil de sécurité en particulier.

Je vous remercie.

________________________________________________________

THE WHITE HOUSE
Office of the Press Secretary
(Paris, France)
------------------------------------------------------------------------

For Immediate Release June 17, 1999

REMARKS BY THE PRESIDENT AND PRESIDENT CHIRAC IN JOINT PRESS AVAILABILITY

Elysee Palace - Paris, France - 11:24 A.M. (L)

PRESIDENT CHIRAC: We wanted to have the sun shine for President Clinton's visit, and I would like to welcome him most warmly for the meeting this year, in the framework of frequent contact and very pleasant contacts -- always very pleasant contacts -- whether it's over the phone or whether it's a friendly meeting such as today's. And I'm very pleased that President and Mrs. Clinton were able to take some time to come through Paris on the occasion of the President's trip to Cologne for the G-7/G-8.

Yesterday evening we had a very pleasant dinner. I can't say that we worked a great deal yesterday evening,

to tell you the truth. But, however, we did spend time which personally I very much enjoyed. So a bit yesterday evening and much more this morning, we, first of all, drew the lessons from the crisis in Kosovo, and we noted that our victory in Kosovo will be a complete victory only once refugees have been able to come back to their homes and when all the communities living in Kosovo are able to live in safety -- namely, thanks to the vigilance of the military security force which is at present deploying in the region.

We also discussed a number of other problems -- the European defense system, in particular, concerning recent events which have occurred in the Balkans, but also following positions taken at the Washington Summit. The relaunching of the peace process in the Middle East such as we very much hope for following the forthcoming appointment of the government of Israel, and the role which Europe and France might play and the help we might contribute to those efforts made to ensure an effective launching of the peach process.

We also considered various problems on the agenda of our Cologne meeting, summit; the very important initiatives that we're taking on the eve of the next century concerning the debt owed by poor countries, the reinforcement and adjustment of the international financial system, the social dimension, which you know I'm very deeply attached to, of globalization and the consequence to be drawn from this.

And I also suggested to President Clinton that the G-8 Summit consider the possibility of taking initiative in an area which is of great concern, namely to Europeans at present, and which is that of food security, safety of foodstuffs. Our people are increasingly concerned, worried. And I would like to suggest that the setting up of a global higher scientific council for food safety.

I shan't go into the details, but I have proposed this to the heads of state government of the G-8, and I shall have an opportunity to develop this point in Cologne. But my wish is to have this considered by heads of state and government of the G-8, and we see whether it might be possible to find a solution able to better guarantee the health of Europeans -- of all of the inhabitants of the world, of course.

And before giving the floor to President Clinton, I should like to say in concluding how very much I welcome the very good quality of Franco-American relations. Everybody knows, and it's obvious, occasionally we have differences of views. But we know how to deal with them, and have done so for some time, and to resolve these differences in a spirit of friendship between partners who respect each other. And it is probably a fact which is based on a very long, very long, century-old friendship between our two peoples and our two countries.

Bill, you have the floor.

PRESIDENT CLINTON: Thank you very much, Mr. President. I will be brief. President Chirac has given you a good summary of the things that we discussed today.

I would like to thank him again, publicly, for the wonderful dinner that he and Mrs. Chirac gave to Hillary and to me last night. We had a terrific time. We did not discuss a lot of business. We mostly discussed archaeology, and endangered species around the world. But we had a wonderful dinner.

Let me say a few words about Kosovo. As of today, 26,000 Serb soldiers have left Kosovo, 15,000 of our KFOR forces have arrived. The refugees are coming home -- indeed, in many cases, faster than we think safe, because of the land mines, which we are working hard to remove. But they want to go home.

It has been very moving to me to see the troops of all of our nations cheered by the people there; also moving to see our soldiers uncovering evidence of what we stood against -- evidence of mass graves, evidence in the form of the piles of documents stripped from the refugees to erase their identities.

I'd like to pay particular tribute to President Chirac for his leadership and his firmness in this crisis. This was the longest operation in which NATO had engaged in 50 years. We had 19 countries representing hundreds of millions of people with all manner of different domestic situations. But we stayed together, and we will stay together, and we will continue our mission there until we succeed.

But the French President was especially adamant that, having begun, we had to stay until we won, and we had to do it in the right way and to do whatever it took to do that. And I am very grateful to him for the relationship that we have enjoyed personally and for the relationship that our countries have enjoyed and the solidarity we've had within NATO.

Now we have to finish the job. We have to help the Kosovars to restore their homes and the basic conditions of living, the institutions of civil society necessary for them to exercise autonomy. We also have to help the region. We have made a commitment at the NATO summit, which I know will be reaffirmed at the G-7 and G-8 meeting, and which the EU has already articulated, to try to build a different future, a more prosperous, more democratic future for the entire region. And we are all committed to doing that.

If we don't want the Balkans and Southeastern Europe to be torn apart in the future by ancient religious and ethnic hatreds, we have to give them a better tomorrow to work for. And we are strongly committed to that.

Now, we also discussed any number of other subjects, but I think it would be better for me to open the floor to questions. I would close by saying I was particularly moved by the discussion we had about the Middle East peace process. Hopes are high now, but we all know that we have to give the Prime Minister-elect the opportunity to put his government together and get off to a good start. But the reports we have about a broad-based coalition are quite encouraging, and I think it's fair to say that France and all of Europe, the United States, hope that we can play a constructive role in what we hope will be a productive next step in that.

Q President Clinton, what is the latest from the Russians? There is a report --

PRESIDENT CLINTON: Go ahead, Sam.

Q President Clinton, what's the latest on the Russians, sir? There's a report that they may have agreed on the command structure acceptable to NATO, but are still insisting on something like a zone. What can you tell us?

PRESIDENT CLINTON: Well, I can tell you that just before I came over here for my meeting with President Chirac, I got an update. You know that Secretary Cohen has been meeting with the Russian Defense Minister Sergeyev. You know that Secretary Albright left here and flew to Helsinki to meet with Foreign Minister Ivanov. And the atmosphere is pretty positive and pretty hopeful. President Chirac and I talked about it for a long time.

We want the Russians to be involved in this mission in a comprehensive way. We think it is important. But we also think it is important that we maintain clear unity of command, under KFOR, according to the U.N. resolution. And they're working through that, and I hope and believe they will reach a successful conclusion.

I don't have any specific details for you because they're in the middle of trying to work this out. But I know that -- I'm aware that there are two or three options they're working on, all of which would be acceptable to us and to our partners, including the French. So we're working on it.

Q In the reconstruction of Yugoslavia do you take into consideration the only full member state of the NATO having a direct border with Yugoslavia, Hungary, that applied many times for being the center and headquarters of the reconstruction? (Another question asked in French.)

PRESIDENT CHIRAC: The certainty of France is that it is necessary to organize as soon as possible in the region a system which is democratic. It is by enabling democracy to put down roots that it shall be possible to create the conditions for tolerance. And it is tolerance that will allow communities that have clashed for a long time to live together at peace. It will take time.

Naturally, there is an objective. The objective is the possibility, calling for these countries to become members of the European Union and their interest to do so. And therefore, the prospect for France is to do our utmost to help the region to overcome the difficulties that present, but also to do our utmost to convince them that their future is the European Union and this entails peace at home. And this peace can only be found thanks to development and to the enrooting of democracy.

PRESIDENT CLINTON: You asked me a question about whether Hungary might be the center of the reconstruction efforts. Actually, I have -- as you know, the Hungarian President was just in Washington for a state visit, and it was a wonderful success. And then I called your Prime Minister to thank him for his solidarity with NATO during this very difficult period for Hungary.

Both of them expressed a willingness for Hungary to play a role in the reconstruction of Kosovo and the entire Balkans region. Both expressed some interest in being the center of the reconstruction effort. That decision is a decision which would have to be made by all of our allies, and not just by the United States -- especially given the leading role the European Union has played in making commitments to the long-term redevelopment of the area.

But I think that because of Hungary's ties to Serbia, because of the large number of Hungarians in Northwest Serbia and Vojvodina, I think it is very important that the Hungarians be very much involved in this.

Terry.

Q Mr. President, now that the conflict is over, do you and President Chirac think that a full-court press should be made to bring Slobodan Milosevic to trial to answer for the war crimes indictment? And, President Chirac, do you agree with President Clinton that there should be no reconstruction aid for Belgrade as long as Mr. Milosevic is in power?

PRESIDENT CHIRAC: Great democracies, in particular, and the international community, in general, have, as a rule, to give development aid to a country only if the country meets the democratic criteria which are usually retained. And there are still some countries, unfortunately, which are subject to embargoes, do not receive aid, precisely because they are not democratic regimes. And this is the reason why. Personally, I absolutely share the feelings of President Clinton -- that is, that there can be no economic development aid to a regime which is not democratic and whose present leader, furthermore, has been indicted with crimes against humanity by the International War Crimes court.

Development aid is one thing; humanitarian aid is a different thing. What we wish to sanction is a regime that does not apply democratic rules, obviously; it is not unfortunate Serbs who are also victims. Hence, humanitarian aid, yes; development aid, economic aid, no -- so long as democratic criteria are not met.

PRESIDENT CLINTON: Let me say, first of all, I -- as you know, I agree exactly with what President Chirac has said, also on the humanitarian issue. I think there's some humanitarian support we should make available to all the people of the region, including the Serbs in Serbia. But on redevelopment, I believe what he just said; we're all together on that.

Even though I strongly support the decision of the War Crimes Tribunal -- or the prosecutor, Mrs. Arbour, too, to make the charges she did, I think it's important that we not in any way mislead people about what happens next. Our heaviest responsibility, the NATO allies, is to get the Kosovars back home in safety, and then to give them self-government, autonomy, and rebuilding assistance, and then work on the region.

Under the rules that we have followed, any of us, if we had jurisdiction over Mr. Milosevic, would turn him over, or anyone else who had been charged, just as we do in Bosnia. If he remains in Serbian inside the confines of Serbia, presumably he's beyond the reach of the extradition powers of the other governments.

But sometimes these things take a good while to bear fruit. I think we'll just have to wait and see how that develops.

But I think, given the evidence that was presented by Mrs. Arbour and what we know to be the evidence, I think she made the right decision. I think it's a very important thing. But I do not believe that the NATO allies can invade Belgrade to try to deliver the indictment, if you will.

And I don't think we should be -- that does not mean that this is not an important thing, or that there won't someday be a trial, but we need to focus on our obligations, our fundamental humanitarian obligations to get the Kosovars home and to continue to uncover whatever evidence of war crimes there is in Kosovo as well.

Q Mr. President, what are the steps that your administration intends to undertake to revive the Middle East peace process, and to what extent are you determined to achieve a major

PRESIDENT CLINTON: Well, as you know, I have spent an enormous amount of time on this, for six and a half years now. The major step I took to revive the peace process was nine and a half days at Wye Plantation last year in the Wye peace talks. I don't believe that I will have to take any steps to revive the peace process. I believe when the new government takes office, if what we see in the press reports is right about the composition of this broad-based coalition government, I believe that there will be a vigorous pursuit of all channels of the peace process.

And the United States will do what it can, as I have for six and a half years, and as we have done as a nation before, to support the parties that are seeking peace and to provide whatever security and other -- economic and other incentives we can to bring it to a successful conclusion. But I expect there to be a revival of the peace process generated by the parties themselves. And then I expect to support it very strongly, and I would expect that President Chirac and the European Union will do the same.

PRESIDENT CHIRAC: Allow me to add that Europe today unanimously -- and Europe has shown this once again in Berlin -- and France naturally, given the traditional ties France has with all countries of the region, are absolutely determined in this new context to give maximum support to the efforts made by the parties concerned and, obviously by the United States.

Q Mr. President, do you expect the Serbs to get the other 14,000 troops out by the Sunday deadline? And are you surprised that President Milosevic has kept his word so far?

PRESIDENT CLINTON: The short answer I guess is, yes and no. Yes, I do expect them to meet the deadline, unless there is some practical reason they can't. And it's interesting, when the Serb military made the agreement we even got word from some of the Kosovars that they expected the agreement to be kept. They thought that if the Serbian military forces actually gave their word, they would keep it. And I thought that was a hopeful reaction in terms of our ability to see some work together in the future.

Now, as you know, General Jackson has already -- our commander in Kosovo -- has already given permission at one phase of this withdrawal for a day's delay. So if General Jackson were to be asked and were to accede to some reasonable change because there were some fact that I'm unaware of, I wouldn't necessarily oppose that. I've got great confidence in him. But they are keeping to schedule.

And am I surprised that Mr. Milosevic is doing that? No, I'm not, not really; because -- not only because of the impact of our military campaign, but because we have forces going in on the ground.

Of the previous understandings that I have had over the last several years with Mr. Milosevic, the ones we had at Dayton, coming out of Bosnia have pretty much been honored. But the facts were the same -- we had forces on the ground. And I believe that that has a way of reinforcing people's commitments, when we have our forces there.

Q Mr. President, is there still a strong disagreement with the United States as to how to get out of the crisis with Iraq -- accept the principle of the French proposals on Iraq concerning the 100-day suspension of embargo on Iraq?

PRESIDENT CLINTON: Well, as you know, there is some difference here. I think largely it's a difference over what is likely to be more effective. The United States supports the efforts of the British and the Dutch and the Security Council because we believe that without the strongest possible inspection mechanism, Saddam Hussein will attempt to rebuild weapons of mass destruction stocks -- particularly in the chemical and biological areas, and perhaps missile technology, as well.

President Chirac can speak for himself, but he believes that if the French-Dutch resolution were -- I mean, the British-Dutch resolution were to pass, that it would simply be not accepted by Saddam Hussein, and so we would still be at an impasse. So there is a difference of opinion there. We agreed that we would discuss it further at the G-8, and we would try to come to a conclusion on it.

This is not an easy issue, and I respect the efforts that the French are making, that the President is making. I can tell you generally what my concern is. It is not so much Saddam Hussein himself as my belief that 10 years from now the person who is standing here as President, and the person who is standing there as the President of France, will be -- and all of you, those of you who will be here asking questions -- one of the things that you will be really worried about is the spread of biological and chemical weapons, probably high-tech, small-scale weapons, into the hands of international terrorist groups and organized crime groups that have loose relationships with irresponsible countries that give them these things. And I think it will be a substantial problem for the first couple of decades of the next century. And I just think we ought to do everything we possibly can to minimize that problem.

But I think I have fairly stated the practical difference between our two positions, and I think the President should speak for himself.

PRESIDENT CHIRAC: Well, obviously, I have the same concerns as President Clinton. But I think that the most important is today to once again reestablish inspections on Iraq's weapons, international verification. And to do so, what we need, at the very least, is to reexamine the conditions of the embargo -- what is necessary, in any case, it seems to me, for reasons that have to do with the very serious degradation of living conditions of the Iraqi people, who are the victims of the situation. So we shall discuss a way of synthesizing, bring together these concerns.

But let us not challenge the solidarity and the unity of the Security Council. If we are not convinced that we're going to reach a result and the present state of affairs, as President Clinton was saying a moment ago, that in any case Iraq will refuse the resolution which is, at present being drafted, and, therefore, it would be a somewhat pointless gesture which would not lead to any concrete results, but might strain the solidarity of the Security Council. And you know how very deeply France is attached to the U.N., in general, and the Security Council, in particular. Thank you very much.

PRESIDENT CLINTON: Thank you.

Q Mr. President, do you believe the Russians lied to you, sir?

Q -- (inaudible.)

PRESIDENT CLINTON: We're going to be out there some more tomorrow.

Q -- NRA may win with the --

PRESIDENT CLINTON: I know. I got up at 5:00 a.m. and started making calls this morning. I'm doing my best.

Q What's your view?

PRESIDENT CLINTON: I don't know yet. I'm not close enough to have a good count.

Q How do you think Al Gore did yesterday?

PRESIDENT CLINTON: Wonderful. I thought he was terrific.

END 11:52 A.M. (L)

RETOUR AU DOCUMENT PRINCIPAL